Addoc au Réel

La part du son : écouter/voir

La part du son : écouter/voir

Un débat avec les cinéastes Roxanne Gaucherand, Franssou Prenant et Marie Voignier, modéré par Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter

Pour peu qu’il gagne en autonomie, le son dénaturalise l’image, et noue avec elle des rapports plus étonnants et plus libres.
Mais quels en sont les effets précis ? Quel en est l’apport et l’enjeu ? Et en amont, quelles pratiques, quels gestes différents, cet usage singulier du son implique-t-il ?

C’est ce que nous essaierons de sonder à travers les démarches concrètes de nos trois cinéastes invitées pour leurs films respectifs :

Les trois cinéastes invitées sont :

Roxanne GaucherandPyrale
Franssou PrenantL’Escale de Guinée
Marie VoignierTourisme international

Les modératrices : Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter

Groupe de travail pour le débat d’Addoc avec Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter : Anna Salzberg, Anne Morin, Anne Faisandier, Marie de Busscher, Amélie Cabocel.

Samedi 25 mars 2023 à 11h30 au Centre Pompidou – Petite salle

Les existences parallèles

Les existences parallèles : paradoxe du Cinéma du Réel.

Une conversation avec les réalisateurs Joël Akafou, Alassane Diago et Martin Verdet, modérée par Isabelle Rèbre.

Quels gestes les cinéastes mettent-ils en œuvre pour donner à voir l’absence, l’au-delà, des mondes invisibles, des vies rêvées ou traversées par la folie ?

À travers un dialogue entre cinéastes travaillant dans des aires culturelles différentes, en Afrique et en Europe, nous interrogerons les liens et les résonances possibles entre leurs pratiques.

Samedi 12 mars à 12h30 au Centre Pompidou – Petite salle

Ecoutez le podcast du débat

Cinéma du Réel 2022 – Le podcast du débat d’Addoc mis en ligne sur la chaîne YouTube de Canal RÉEL

La sécurité globale et nous

À un moment charnière, il nous faut nous interroger.

Comment les images du peuple peuvent-elles encore s’imposer face aux images du pouvoir ?

Discussion animée par Dork Zabunyan (professeur et historien du cinéma),

avec des membres des organisations cinéma de la Coordination #Stop Loi Sécurité Globale, ainsi que des cinéastes :

  • Myriam Aziza (cinéaste et scénariste)
  • Marina Déak (cinéaste et scénariste)
  • David Dufresne (journaliste, cinéaste)
  • Laetitia Moreau (auteure, journaliste, documentariste et présidente de la Scam
  • Anne Galland (cinéaste, Addoc)
  • Erika Haglund (cinéaste et scénariste)
  • Meryem de Lagarde (cinéaste, Addoc)
  • Laurie Lassalle (cinéaste), Mariana Otero (cinéaste)
  • Laure Vermeersch (cinéaste)
  • Noé Wagener (professeur de droit public)

Vendredi 19 mars à 20h30

La discussion en replay

Pas de festival, pas de débat…

Qui se cache au fond du puits ? Le débat d’Addoc a été annulé.

Le débat d’Addoc, dans le cadre du festival Cinéma du Réel 2020, devait s’intéresser à la relation filmeur-filmé.

« L’acte de filmer, celui de regarder un film, nous transforme tout à l’intérieur. Sinon, il ne s’est rien passé, rien joué. L’exercice du portrait documentaire est un monde en soi. L’altérité y est vécue comme un miroir réfléchissant qui déplace la question d’identité- aux antipodes de la société « inclusive » qui fixe et cloitre les individus à une place surdéterminée.

Que mettons-nous de ce que nous sommes dans notre volonté à enregistrer ? C’est une quête qui cherche à faire « film ». Au départ, une tension profonde à laquelle il s’agit de donner forme. Est ce une pulsion narcissique ? C’est un geste de création, un geste de libération. Comment alors cette pulsion trouve-t-elle son chemin dans l’exercice du portrait ? Nous sommes traversé.e.s par des mouvements contraires désir, répulsion. Comment ne pas enfermer l’autre dans ses représentations, nos projections. Et, comment déjouer l’écueil de la prédation ? La question de nos résistances se pose.

Filmer l’autre est une démarche amoureuse, une expérience et une épreuve. Et, sommes-nous prêt.e.s à aller jusqu’au fond du puits ? »

Invité·e·s :
Avi Mograbi (réalisateur) ■
Marie Dumora (réalisatrice) ■
Rares Ienasoaie (réalisateur) ■

Un débat préparé par :
Marie de Busscher et Laurence Garret

« Suite aux dernières recommandations des pouvoirs publics, et en accord avec la Bibliothèque publique d’information et le Centre Pompidou, nous prenons la difficile décision d’annuler toutes les projections cette 42e édition de Cinéma du réel.
Dans le contexte actuel, il est en effet devenu impossible de préserver la qualité et la convivialité du festival tout en répondant aux consignes de sécurité. »

(Communiqué du Cinéma du Réel – Vendredi 13 mars)

Néanmoins, le Cinéma du Réel a maintenu son palmarès.

Que sait-on filmer de l’autre ?

Rencontre proposée par Addoc autour de l’héritage culturel du cinéaste.

Le déni et le silence comme le savoir et l’expérience (dé)forment le regard. Devant les empreintes laissées par les héritages coloniaux, le point de vue et la place du cinéaste prennent une signification particulière. Études et mouvements anti/décoloniaux s’attachent à démontrer combien les schémas de représentation impérialistes et colonialistes imprègnent nos vocabulaires, nos réactions et nos regards. À quelles responsabilités confrontent-ils les cinéastes ?

Avoir conscience de ce prisme déformant constitue à la fois un enjeu éthique et des questions pratiques, de la réalisation à la production. Cette démarche amène le cinéaste à s’interroger sur son héritage culturel lorsqu’il filme. Que parvient-il à voir d’une culture qui n’est pas la sienne et de la permanence de ces blessures historiques ? Quels dispositifs individualisent ou essentialisent les personnes filmées ? Comment les rapports de domination de part et d’autre de la caméra peuvent-ils rejouer ou déjouer ces enjeux décoloniaux ?

Invités :
Louis Henderson (réalisateur) ■
Marion Lary (réalisatrice) ■
Sophie Salbot (productrice et fondatrice de la société Athénaïse) ■
Marie Clémence Andriamonta-Paes (réalisatrice et productrice) ■

Préparé par Laurent Cibien, Michelle Gales, Gaëlle Rilliard, Paula Velez Bravo et Habiba Chabou.

Samedi 16 mars 2019
13h-16h

Centre Pompidou

Lien vers l’évènement Facebook

Évènements Addoc en 2018

Une semaine riche en échanges !

  • Le 12ème débat d’Addoc,
  • le hors les murs,
  • la réunion publique de la Boucle documentaire.

Pour le 12ème débat d’Addoc au Réel, les addociens Laurent Cibien, Marion Lary, Laure Vermeersch, Gaëlle Rilliard et Pablo Rosenblatt ont conçu et animé ce temps de réflexion collective autour de la problématique de la langue dans le cinéma documentaire en invitant Laurent Bécue-Renard, Marie Voignier, Claire Atherton et Valery Kislov à échanger avec eux sur leurs pratiques.

Un beau dialogue à dix voix pour tenter de définir les contours multiples de ce que Laurent Bécue-Renard nomme la « langue de l’autre ».

Addoc a aussi étendu le festival du Réel jusqu’au Cinéma la Clef avec la projection de L’esprit des lieux et surtout un bel échange entre le réalisateur Stéphane Manchematin et Marc Namblard, principal protagoniste du film et un public au rendez-vous, animé par Anne Faisandier.

Last but not least, nous avons clôturé notre semaine du Réel par une réunion publique de la Boucle documentaire dans une salle pleine à craquer et rencontré une belle mobilisation. Toutes nos excuses à ceux d’entre vous  qui n’ont pas pu rentrer. Et pour ceux qui auraient envie de prolonger cette réflexion et de s’investir sur ces questions, n’oubliez pas que l’atelier politique n’attend que vous !

Hors les murs – Réel 2018

L’esprit des lieux, un film de Stéphane Manchematin et Serge Steyer.

Portrait gracieux d’un preneur de son spécialisé dans la nature qui passe ses nuits à enregistrer les cris et les bruits de la forêt avant de les partager avec sa fille, avec des écoliers invités à développer leur écoute ou avec un compositeur qui puise dans ses collections.

(90’, 2017, France, compétition française)

Jeudi 29 mars – 20h30 – au Cinéma La Clef

Séance en présence des réalisateurs et de Marc Namblard, le protagoniste du film, animée par Marie de Busscher et Anne Faisandier.

Filmer la langue de l’autre

Un débat proposé par Addoc

avec Claire Atherton, Laurent Bécue-Renard, Valery Kislov et Marie Voignier.

La parole est-elle information ? Ne pas comprendre ceux que l’on filme incite à élaborer du sens en-dehors des mots, à être sensible à d’autres formes d’expression.

La traduction ouvre à l’échange tout en complexifiant la maîtrise de la mise en scène. Filmer dans une langue étrangère implique des choix de réalisation.

Quelles images de l’autre construisent-ils ?

Débat préparé par Laurent Cibien, Marion Lary, Gaëlle Rilliard, Pablo Rosenblatt et Laure Vermeersch, membres d’ADDOC,

Samedi 24 mars – 12h-14h30

Petite salle niv -1 du Centre Pompidou – Entrée libre

Montrer ou ne pas montrer

Un choix inhérent à toute écriture cinématographique.

Un débat proposé par Addoc avec Ruben Desiere (Kosmos), Patric Chiha (Brothers of the Night) et Alice Diop (Vers la tendresse).

Le cinéma documentaire est fait autant de ce qu’on voit que de cette part de réel hors-champ qui travaille le film et pose les contours de sa forme.

Pourquoi un réalisateur fait-il le choix délibéré de ne pas montrer ?

Comment se pose la question du regard et de l’intime ?

Où se situe la limite entre pudeur et impudeur ?

Un débat en présence de Ruben Desiere (Kosmos), Patric Chiha (Brothers of the Night) et Alice Diop (Vers la tendresse).

Séance préparée par Anne Galland, Mika Gianotti, Pasquale Noizet, Meryem de Lagarde, Christiane Rorato et Gilles Trinques, membres d’Addoc.

Samedi 25 mars 2017 12h-14h30
Centre Pompidou – Petite Salle niv -1
Entrée libre

La première partie du débat :

Hors les murs – Réel 2017

Enfants de Beyrouth, un film de Sarah Srage.

Séance en présence de la réalisatrice et débat animé par Marie de Busscher, membre d’Addoc.

En compagnie de son père, qui a participé à la reconstruction de Beyrouth en 1992, la cinéaste Sarah Srage parcourt Dalieh, petit port du centre-ville où les familles de pêcheurs seront bientôt évincées par la privatisation du quartier.

(59’, 2016, France, Compétition française)

Lundi 27 mars 2017 à  20h
Cinéma La Clef / Paris 5e
Tarif normal

Séance en présence de la réalisatrice et débat animé par Marie de Busscher, membre d’Addoc.

Humour et documentaire

L’humour dans le cinéma documentaire, un certain sourire…

Un débat d’Addoc, animé par Alima Arouali, Anne Faisandier, Mika Gianotti et Simon Desjobert.

L’humour est une forme très rare dans le cinéma du réel.

Si toute démarche documentaire implique une mise à distance du réel, qu’en est il lorsque le sujet filmé est particulièrement sérieux, grave même, et que l’humour est  au centre du traitement et du ton élaborés par le réalisateur ?  

Le choix de l’humour est souvent risqué : le ressort comique est bien souvent provoqué par le fait que le réalisateur ose se mettre en scène et n’hésite pas à se tourner lui-même en dérision ou bien ses proches.

À travers trois exemples, nous analyserons trois façons de pratiquer l’humour dans le cinéma documentaire.

En présence de :

  • Etienne Chaillou et Mathias Théry, réalisateurs de La sociologue et l’ourson,
  • Mehran Tamadon, réalisateur de Iranien,
  • Anne Paschetta, scénariste de La Vierge, les Coptes et Moi.

Débat à partir d’extraits de films, préparé et animé par Alima Arouali, Anne Faisandier, Mika Gianotti et Simon Desjobert.

nounours
La sociologue et l’ourson, d’Etienne Chaillou et Mathias Théry
IRANIEN
Iranien, de Mehran Tamadon
La Vierge, les Coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh

Samedi 19 mars de 12h à 14h30 – Entrée libre
Petite salle niveau -1 du Centre Pompidou
Place Georges Pompidou
Paris 4e

Vous pouvez voir l’intégralité du débat filmé par les étudiantes de l’INA sup.

Hors les murs – Réel 2016

Hotel Machine, un film d’Emanuel Licha.

À l’occasion du Cinéma du Réel, une séance hors les murs, en présence du réalisateur du film, animée par Marie de Busscher et Charlotte Szlovak.

Dans toutes les guerres récentes, des hôtels « stratégiques » abritent les reporters internationaux. Les combats s’y racontent depuis ces lieux hors-champ, après-coup, par les voix du personnel hôtelier laborieux et discret. Les conflits ni les villes ne sont jamais nommés ; ils ne prennent corps qu’à travers les tablettes ou enregistrements.

Une autre approche de la guerre à bas bruit et originale où le réalisateur confronte la fabrication des images que nous consommons aux récits décalés, distanciés que ces derniers en font.

France-67min-2016 -Compétition française

Vendredi 25 mars à 20h30

Cinéma La Clef
34, rue Daubenton
Paris 5e

Filmer un groupe

Trois approches, trois stratégies avec trois films différents.

Un débat préparé par Anne Galland, Meryem de Lagarde, Claire Savary et Charlotte Szlovak.

Si toute démarche documentaire passe par la rencontre et la relation, qu’en est-il lorsqu’on filme un groupe ? Des personnages sont choisis, d’autres émergent.
Le groupe lui-même peut-il devenir personnage ?
Comment la place du réalisateur façonne-t-elle la narration ?

Nous questionnerons trois approches qui relèvent de stratégies différentes avec :

  • une communauté de sans-terre au Brésil dans Hautes Terres de Marie-Pierre Brêtas
  • un collectif d’artistes dans un squat à Paris dans Le beau désordre de Carine Chichkowsky
  • une bande de lycéens exclus qui préparent leur bac au Congo dans Examen d’État de Dieudo Hamadi

Un débat préparé par les Addociennes Anne Galland, Meryem de Lagarde, Claire Savary et Charlotte Szlovak.

Samedi 21 mars
De 12h à 14h30
Centre Pompidou, niv. -1, Petite salle

Hors les murs – Réel 2014

La nuit a des yeux.

Entrez avec nous dans cette expérience du Cinéma de la Nuit.

Le cinéma documentaire n’apparaît pas comme un habitué des filmages de nuit. Est-ce pour des raisons techniques, financières ? La représentation du réel, de la parole, serait-elle plus lisible à la lumière du jour ? Le cinéma documentaire résisterait-il à la nuit, par peur d’affronter la représentation de l’obscur intérieur, du non filmable ? Les films que nous avons choisis pour les fortes sensations humaines qu’ils révèlent – la peur incontrôlable ; l’élucubration fantasmagorique du songe ; l’atmosphère hallucinée d’un temps de nuit – semblent dire le contraire…

Séance animée par Marie-Pierre Duhamel Muller, Mika Gianotti et Marion Lary

La Nuit peut être vampire (figure fantastique aux inépuisables variations qui à elle seule catalyse nos inquiétudes) ; disparaître (phénomène qui prive de nuit le monde dit développé) ; ou se faire accueillante pour les braconniers du musée (qui n’a un jour rêvé d’avoir pour soi tout un musée, une nuit ?) ; comment rendre les noirs profonds de la nuit (de la maîtrise du clair obscur, jusqu’au ténébrisme, autant d’éléments-clés du drame cinématographique.)

LE VAMPIRE
de Jean Painlevé (1945, 9 mn)
Ou comment l’animalité la plus réaliste épouse les fantasmes et les peurs liés à la nuit.

ELEGIYA DOROGI (ÉLÉGIE DE LA TRAVERSÉE)
de Alexandre Sokourov (2001, 47’)
Vagabondages libres sur les fantasmes de la nuit, déraisons, rêves ou cauchemars, jusqu’à l’image d’un matin autrefois vécu.

STARDUST
de Nicolas Provost (2010, 20’)
Les clichés des nuits de Las Vegas où stars et anonymes se côtoient et construisent ensemble leurs récits inquiétants

Dans le cadre de la programmation proposée par Marie-Pierre Duhamel Muller, Addoc et le Festival Cinéma du Réel.

MARDI 27 MAI 2014 À 20H30
AU CINÉMA L’ENTREPÔT

7/9 rue Francis de Pressensé
Paris 14e M Pernety
Tarif unique : 4,5 €
reservation@lentrepot.fr

Documentaire et télévision – Forum

Forum sur la réforme du COSIP et la redéfinition du documentaire.

Trop de documentaires à la télévision ?

La confusion entre magazine, reportage et documentaire met en péril les ressources mêmes du documentaire de création : la télévision développe de plus en plus des produits low cost prétendument appelés documentaires qui accèdent à ce titre au COSIP, le compte de soutien du CNC dédié à l’audiovisuel. Conscient de ces dérives, le CNC a entrepris une réforme qui est pour nous, documentaristes, l’occasion de remettre en jeu la définition du documentaire de création.

Désireuse d’élaborer des propositions, Addoc invite des professionnels pour nourrir la réflexion : Guillaume Blanchot (direction de l’audiovisuel au CNC), Aude Servais (sociologue), Jean-Marie Durand (Les Inrockuptibles), Alexandre Cornu (Les Films du Tambour de Soie).

Samedi 29 mars 2014 à 14h / Espace Ilôt Niv-1 du Centre Pompidou / Entrée libre

Débat préparé par Christophe Andréi, Daniel Kupferstein, Marion Lary et Catherine Réchard.

Pourquoi tu me filmes ?

La délicate alchimie du rapport filmeur/filmé.

Un débat préparé par Benoit Felici, Luc Maréchaux, Michèle Massé, Benoît Peytavin et Mina Rad.

Dans les documentaires dits de portraits, le rapport filmeur/filmé détermine la nature même du film. Il lui donne matière et couleur et offre au spectateur une place de choix dans une relation triangulaire. Ces configurations, chaque fois spécifiques, sont souvent décrites et questionnées par les réalisateurs. Mais on entend bien plus rarement la voix des personnages, ces indispensables partenaires.

Pour ce débat, Addoc invite deux couples réalisateur/personnage pour mettre en résonance les deux expériences et ainsi éclairer différemment cette problématique.

Quelles sont les attentes de chacun ? Comment s’instaure une relation triangulaire entre le personnage, le réalisateur et le film en devenir ? Comment se redessinent les contours du personnage lors du montage ? Par quels moyens le cinéaste le protège, le respecte et l’expose tout au long du récit ? Que conserve-t-on de cette expérience ?

Autant de questions dont débattront Alice Diop et son personnage Steve Tientcheu (La mort de Danton), ainsi que Blaise Harrison et son personnage Armand Suarez (Armand, 15 ans l’été), quelques années après les tournages.

Débat préparé par Benoit Felici, Luc Maréchaux, Michèle Massé, Benoît Peytavin et Mina Rad.

Télécharger le flyer de tous les évènements organisés par Addoc au Cinéma du Réel 2014

Femmes cinéastes et révolutions

Femmes cinéastes dans les révolutions arabes.

Un débat proposé par Addoc avec trois d’entre elles.

Dans un monde arabe en plein bouleversement, des femmes cinéastes émergent en filmant les luttes pour la liberté et la démocratie, la résistance aux dictateurs, ou les blessures qu’une guerre civile inscrit à jamais dans la mémoire des enfants.

Avec une écriture qui préfère le détour et l’allusion au constat frontal, leurs films parlent de pays où la terreur et les luttes de pouvoir sont la norme. Elles dévoilent des tabous, remettent en cause les frontières entre sphère privée et place publique, affrontent la censure et prennent des risques pour que leurs films existent. Que leur exil soit temporaire ou durable, la terre des origines les habite, et reste le territoire intérieur de la création.

Fatma Cherif (Tunisie), Jihane Chouaib (Liban) et Hala Mohammad (Syrie), chacune avec sa voix propre, questionnent l’intime, le politique, l’identité, l’appartenance à une culture. Elles échangeront avec nous leurs expériences et leurs pratiques du cinéma documentaire, si proches, si différentes.

Samedi 23 mars 2013 à 11h15
Dans le cadre du Cinéma du Réel
Centre Georges Pompidou
Petite salle niv -1
Entrée libre

Documentaire ou fiction ?

L’imaginaire est plus réel que le réel : documentaire/fiction, une double pratique.

Un débat d’Addoc, animé par Anne Galland et Mireille Hannon, avec trois réalisatrices invitées : Julie Bertuccelli, Dominique Cabrera et Françoise Romand.

Les films documentaires sont communément considérés comme n’appartenant pas au champ de la fiction, mais au champ du réel, ils approfondiraient notre compréhension du réel. La fiction serait, elle, du côté de l’imaginaire. Ce n’est pas tant la limite qui est intéressante, mais plutôt les « contaminations ». La fiction et le documentaire construisent des rapports particuliers entre l’apparence et la réalité, le visible et sa réalité. Pour le spectateur ce qui compte c’est la clarté de l’énonciation de « la règle du jeu » du film.

Nous devons le savoir, le cinéma de fiction est dans son principe beaucoup moins illusoire, et beaucoup moins menteur que le cinéma dit documentaire, parce que l’auteur et le spectateur savent qu’il est fiction, c’est-à-dire qu’il porte sa vérité dans son imaginaire. Par contre, le cinéma documentaire camoufle sa fiction et son imaginaire derrière l’image reflet du réel.
Or, la réalité sociale se cache et se met en scène d’elle-même, devant le regard d’autrui et surtout devant la caméra. La réalité sociale s’exprime à travers des rôles. Et en politique, l’imaginaire est plus réel que le réel. » Edgar Morin 1980

Les cinéastes sont engagés dans le monde, ils tissent des liens politiques. Les trois réalisatrices invitées alternent fiction et documentaire. Dans ces allers-retours entre réel et imaginaire, quel rapport au monde expriment-elles ? De quelle façon leur double pratique cinématographique influence leur façon de filmer, leur mise en scène ?`

Dominique Cabrera est dans un constant balancement entre l’envie d’échappées oniriques et le besoin de se confronter à ce qu’il y a de plus concret dans nos vies, la politique et la poétique sont au cœur de son cinéma.

Françoise Romand explore l’intimité depuis le début de son œuvre, là où le sujet se forme quand il décide ce qui est privé et ce qui ne l’est pas.

Julie Bertuccelli aime ses personnages, la tendresse est manifeste et dans son dernier film L’arbre elle travaille sur le thème de la perte d’un être cher. Comment la fiction rejoint-elle ici le réel ?

La diffusion du documentaire

De nouveaux lieux de diffusion : une chance pour le cinéma documentaire ?

À l’occasion des 20 ans de l’Acid (Association pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion), d’Addoc (Association Des Cinéastes Documentaristes) et de Documentaire sur Grand Ecran, les trois associations se questionnent ensemble sur la diffusion du cinéma documentaire.

À l’heure où la concentration s’accroît dans les salles de cinéma et où l’exposition durable du cinéma indépendant est plus que jamais mise à mal, qu’en est-il du cinéma documentaire ?
Par ailleurs, le territoire français foisonne d’initiatives locales et de structures qui s’emploient avec succès à faire vivre les films parfois plusieurs années après leur réalisation.
Or ces pratiques dites alternatives, étant hors billetterie CNC, ne sont pas comptabilisées dans le « bilan officiel » de chaque film puisque seules comptent les entrées CNC en salles.
Comment mieux prendre en compte tous les réseaux de circulation des films dans l’évaluation de la vie d’un film ?
Pourquoi la sortie en salle reste-t-elle incontournable ? À l’heure où le numérique a créé de nouvelles conditions d’entrée en salles, comment l’exposition du documentaire va t-elle évoluer ?
Comment créer des passerelles entre les spectateurs de tous les lieux : du festival aux salles, des salles aux médiathèques, etc.

Avec :

  • Stéphane Arnoux, réalisateur
  • Luc Decaster, réalisateur
  • Mika Gianotti, réalisatrice
  • Marion Lary, réalisatrice
  • Emmanuelle Madeline, chargée de distribution à Documentaire sur Grand Ecran
  • Mariana Otero, réalisatrice
  • Stefano Savona, réalisateur
Cap sur Anita Conti

De l’usage des archives

D’un usage singulier des archives dans le documentaire.

Un débat préparé et présenté par Joële van Effenterre, Charlotte Szlovak et Marc Gourden.

Au-delà de l’usage documentaire des archives comme témoignage de l’Histoire, certains cinéastes s’en emparent pour dévier le cours du temps dont elles sont le signe. L’enjeu devient les conjuguer au présent ou en accuser la distance temporelle, questionner leur poids de vérité, les faire fictionner ou encore les réinventer…

Ces images, fixes ou mobiles, qui appartiennent à l’histoire de l’humanité, jusqu’où peut-on se les approprier pour documenter nos histoires personnelles ? Quelles sont les limites éthiques, esthétiques, techniques (format 16/9, sonorisation, colorisation, etc.) de cette réappropriation ?
Nous savons tous que les images documentaires d’aujourd’hui deviennent les archives de demain. Nous fabriquons aussi nos propres archives qui nourrissent des films à venir.

Le cinéma, par le feuilletage du temps qu’autorise le montage, permet le recyclage quasi infini des images et des sons pour créer d’autres oeuvres : la réutilisation des mêmes éléments n’est pas alors taxée de plagiat, mais une signature d’auteur.
Donner libre cours à notre subjectivité, laisser le réel et la fiction se contaminer pour produire du sens et de l’émotion, abolir la frontière poreuse des temps, des lieux, des voix, pour atteindre une autre vérité plus intime et polysémique : c’est ce que nous tentons de faire dans nos films.

Il y a des variations infinies à cet « usage singulier des archives » : de la répétition en leitmotiv d’un même plan colorisé, marche vers les camps et marche de l’Histoire dans Comme un Juif en France, d’Yves Jeuland, au poème visuel et symphonique de Terence Davies, Of Time and the City, tourbillon lyrique, virulent et passionné à la gloire de sa ville, Liverpool.

Nous projetterons un extrait de l’œuvre d’Henry Colomer, dont chaque film invente un usage poétique de l’archive, et nous demanderons à Alain Ughetto de nous parler de Jasmin, en cours d’achèvement, où un long processus d’élaboration l’a amené à substituer aux images réelles du passé une recréation en pâte à modeler animée, produisant ainsi, par la grâce de ce matériau fragile, une émotion immédiate.

Nous confronterons nos points de vue et des extraits de nos propres films avec ceux de nos invités, pour une approche personnelle et singulière de la mémoire collective.

Dérives de la télé publique – Forum

Quand le documentaire réfléchit la télévision…

Un forum organisé par Addoc au Cinéma du Réel 2011.

Il arrive que la télévision diffuse dans ses programmes documentaires des films qui attisent la haine et la peur de l’autre ; il arrive que des cinéastes documentaristes s’en insurgent…

Après la diffusion de La Cité du Mâle sur Arte, en septembre 2010, nous, cinéastes documentaristes, avons dénoncé une dérive de la télévision publique !

Au Cinéma du Réel, nous voulons élargir le champ de la discussion avec des réalisateurs qui ont réfléchi sur la télévision dans leurs œuvres, sur ses méthodes, son éthique, sur son impact.

Nous regarderons ensemble de courts extraits de leurs films :

  • Michael Hoare dans Nouvelle France (1996) décrypte le traitement médiatique par FR3 du relogement d’immigrés africains de Montreuil.
  • Karim Ballo et Amirouche Hamam avec Délit d’adresse (2000), s’interrogeant sur leur vie de jeunes de banlieue, reprochent à Marcel Trillat, journaliste et réalisateur à France 2, l’image qu’il a donnée d’eux dans son reportage Les enfants de la dalle pour « Envoyé spécial ».
  • L’association Les Engraineurs, avec des films d’ateliers réalisés en Seine Saint-Denis, jette un regard ironique sur la télévision et diffuse ces films sur internet.

Dans le contexte de cette année préélectorale, comment agir pour que la télévision n’attise pas la violence sociale ?

Un forum préparé et présenté par Sylvie Agard, Anne Galland et Daniel Kupferstein.

Où commence l’autre ?

Une rencontre organisée par Addoc

avec les cinéastes Simone Bitton, Ariane Doublet et Pierre Boccanfuso.

Le titre de ce débat vient d’une réflexion de Robert Kramer : « Le cinéma, je sais bien pourquoi je l’ai adopté… Pour qu’il m’apprenne à toucher inlassablement du regard à quelle distance de moi commence l’autre ». La relation entre le cinéaste et la personne filmée est, bien entendu, une question-clé pour beaucoup d’entre nous.

Comment ce rapport à l’autre est-il vécu, de près ou de loin, comment s’inscrit-il dans le film, comment est-il transmis au spectateur ? Les défis assumés par le documentariste sont justement de rendre vivantes l’image et la parole d’autres personnes, de les situer dans un champ et un contexte donnés, de les faire partager par les spectateurs de son film. On interroge souvent les motivations du cinéaste : quand il sollicite la présence et le témoignage d’une personne, le fait-il pour comprendre, pour transmettre un message, pour séduire l’autre, pour le mettre en cause? Mais pourquoi l’autre accepte-t-il de répondre ?

Où commence l’autre ? se déploie sur trois champs : le social, le politique et l’ethnologique. Mais ces champs ne sont pas clos et les films débordent souvent de leurs lisières. Ainsi, le cinéaste ethnologue arpente fréquemment les champs du social, du politique, du religieux. Et quand on filme les protagonistes d’un conflit social, les facteurs économiques et politiques se manifestent d’emblée.

Notre débat s’articule à partir de pratiques de cinéastes, et notamment de :

  • Simone Bitton dont les films questionnent l’histoire et le conflit du Proche-Orient (Mur, Rachel).
  • Ariane Doublet qui défriche les champs de Normandie (Les Terriens, Les sucriers de Colleville).
  • Pierre Boccanfuso qui vient de Provence et filme aux Philippines, au sein d’une ethnie Palawan (Les deux fils du Chaman, Le Chaman son neveu… et le capitaine).

Les risques du JE

Un débat proposé par Addoc

avec les cinéastes Yamina Zoutat, Elsa Quinette, Anne Baudry et François Caillat.

Il y a les films pour lesquels la question du « JE » est évidente. Ce sont ceux où l’auteur fait part d’une expérience personnelle, et ceux où l’auteur choisit d’être à l’image. Pour les films qui ne sont pas écrits à la première personne, la question du « JE » est moins marquante, mais elle est néanmoins sous-jacente. Il faut aller la chercher. Accepter de travailler ses doutes autant que ses certitudes.

Dès l’écriture, un processus se met en marche, processus que l’auteur n’est à même de contrôler que partiellement. Le « JE » nourrit l’écriture d’un film tout au long de son élaboration. Que ce soit lors de l’écriture proprement dite avant tournage, que ce soit pendant le tournage ou pendant le montage. Le « JE» procède d’une construction. C’est dans un esprit de recherche qu’un film se réalise.

C’est de notre rapport au monde qu’il s’agit. Notre vision du monde est liée à l’époque bien sûr, mais elle est également liée à ce qui nous constitue: notre histoire personnelle, notre formation, nos goûts, notre quotidien, nos prédilections, les œuvres que nous avons rencontrées et qui nous inspirent. Il s’agit de définir notre place de cinéaste.

La subjectivité assumée du cinéaste répond à la nature même du documentaire qui prend en compte la nature complexe du réel. Si la réalité nous résiste, notre présence et nos liens la transfigurent, la restituent transformée au spectateur. Celui qui réalise est au milieu de la scène, il appartient aux évènements enregistrés. C’est pourquoi la position du réalisateur de documentaire fait partie du récit. Écrire, filmer depuis sa place, c’est raconter sa place.

En présence de :

  • Yamina Zoutat, une cinéaste qui confronte le « JE » à l’écriture de son premier film
  • François Caillat, cinéaste aux multiples « JE »
  • Elsa Quinette et Anne Baudry, accompagnement collectif du « JE » à Périphérie, centre de création cinématographique

Débat préparé par :

  • Françoise Arnold
  • Giuseppe Casu
  • Grégory Cohen
  • Dominique Delattre
  • Anne Galland
  • Mika Gianotti
  • Mireille Hannon
  • Marion Lary
  • Manon Ott
  • Vanina Vignal

La question du plan

Le plan et sa durée, la séquence et son souffle.

Un débat proposé par Addoc

avec Claire Atherton (monteuse), Lav Diaz (membre du jury international Cinéma du Réel 2008), Daniel Deshays (ingénieur du son) et Denis Gheerbrant, autour d’extraits de leurs oeuvres.

Qu’est-ce qui se joue dans la durée d’un plan ? Quels sont les enjeux, les défis esthétiques, éthiques, formels pour le documentariste, le spectateur, le film et son style ?

« Le rythme d’un film ne réside pas dans la succession métrique de petits morceaux collés bout à bout, mais dans la pression du temps qui s’écoule à l’intérieur même des plans. Ma conviction profonde est que l’élément fondateur du cinéma est le rythme, et non le montage comme on a tendance à le croire (…). C’est avant tout à travers ce sens du temps, à travers le rythme, que le réalisateur exprime son individualité » Andréi Tarkovski, Le temps scellé, Ed. Cahiers du cinéma.

Au cœur de tout cinéma, il y a la question de la durée du plan et du rythme du film. Au cœur du cinéma documentaire, celle de l’articulation entre la durée filmée du plan et sa durée mont(r)ée. Comment chacun de nos films est-il travaillé par ces questions ? Comment fabriquons-nous nos propres réponses au fur et à mesure que le film s’élabore ?

Chantal Akerman raconte, à propos de son film Là-bas : « J’avais loué un appartement. J’ai commencé à écrire tout ce qui me passait par la tête et puis soudain j’ai trouvé un plan. J’ai posé ma caméra et voilà, ça a commencé comme ça. Je suis revenue avec des dizaines d’heures de rushes. Je ne savais pas s’il y allait y avoir un film au bout, mais j’ai appelé ma monteuse, Claire Atherton, et je lui ai dit : « Voyons ». Et ça s’est monté comme ça, comme ça s’est tourné. (…). Ça ne s’explique pas, ça ne se dit pas, de voir soudain un plan. Et c’est la même chose au montage : pourquoi choisir celui-ci plutôt que celui-là, pourquoi leur donner telle longueur, ça ne s’explique pas (…). Par exemple, prenez un plan, la longueur d’un plan. On regarde et toutes les deux, on tape sur la table au même moment : on sait en même temps quand il faut s’arrêter. (…) C’est fou ! Car ce n’est pas théorique, on ne fait que le sentir. Il n’y a rien de logique dans la longueur d’un plan ». Chantal Akerman, Là-bas ou ailleurs, Revue Vacarme n°39.

A chaque film et à chaque réalisateur sa manière propre d’être traversé par ces questionnements.

Présence du passé

Présence visible et invisible du passé dans le cinéma documentaire.

Une rencontre proposée par Addoc avec Klaus Wildenhahn, Gisela Tuchtenhagen, Anja Unger et François Caillat

et des extraits de leurs films :

  • Trois Soldats allemands (super 16 et super 8, 75 min, 2001) de François Caillat,
  • Promenades entre chien et loup (super 16, 94 min, 2004) de Anja Unger,
  • Der Hamburger Aufstand. Oktober 1923 (Témoignages – souvenirs sur l’insurrection de Hambourg) de Klaus Wildenhahn, Gisela Tuchtenhagen, et Reiner Etz ( 116 min, 3 parties, 1971).

La fidélité aux faits historiques est au principe même de Témoignages – souvenirs sur l’insurrection de Hambourg, documentaire de Reiner Etz, Gisela Tuchtenhagen et Klaus Wildenhahn réalisé en 1971. Le film évoque l’insurrection communiste, sa répression brutale et ses conséquences sur l’histoire du pays. Cannes 1972, Louis Marcorelles écrit « les auteurs, avec des moyens modestes mais une rigueur monacale, confrontent passé et présent à travers le témoignage des survivants. L’histoire renaît sous nos yeux en un ouvrage difficile d’approche, dont le spectateur doit devenir, en quelque sorte, le co-auteur. » Comment les cinéastes travaillent-ils le lien entre les insurgés d’alors et les spectateurs d’hier et d’aujourd’hui ?

« En Allemagne, le passé ne veut pas passer » affirme la réalisatrice Anja Unger, « impossible de faire un film qui questionne l’identité allemande sans regarder en arrière ». Mais Promenades entre chien et loup ne veut pas être un film historique, plutôt « une fantaisie filmique », selon une expression que la réalisatrice emprunte à l’univers de la musique classique. « J’ai considéré l’héritage culturel allemand comme le matériau brut dont je pouvais m’inspirer pour évoquer le passé » précise-t-elle encore. Comment la réalisatrice explore-t-elle le rapport entre imaginaire et passé ?

Dans Trois Soldats allemands, François Caillat filme les paysages et les lieux de telle sorte qu’ils révèlent toute la dimension humaine de leur histoire. Une démarche qui traverse toute son oeuvre et qu’il résume ainsi : « je souhaite faire apparaître, sous le réel documentaire, un autre réel. Présent mais très ancien, infiniment passé. Je souhaite parler d’un monde qui ne se confonde pas avec celui que raconte le film : son arrière monde, son double, l’écho qui lui donne sens. D’une certaine manière, je cherche à dialoguer avec les morts. Non pour les faire parler, mais pour instaurer avec eux une parole où nous serions à part égale. »

Filmer le pouvoir

Filmer le pouvoir : quels scénarios, quelles mises en scène ?

Une rencontre proposée par Addoc avec Omar Amiralay.

Dans L’Homme aux semelles d’or, Omar Amiralay affronte doublement la question. En choisissant de filmer un homme politique (Rafik Hariri), Omar Amiralay donne à voir le rapport de forces (de pouvoir) qui circule entre filmé et filmeur.

Dès le début du film, le cinéaste fait état de la difficulté, voire de l’impossibilité, de filmer son personnage principal. Il défait le scénario de l’homme politique, pour en reconstruire un autre, en partageant ses doutes avec le spectateur.
Le film se décentre : l’interrogation sur le contenu et le sujet glisse vers l’interrogation sur la forme, et le dispositif de mise en scène.

Que filme le cinéaste, semble dire Amiralay ?

Le réel, ou sa relation au réel ? Qu’il soit politique, médiatique, économique ou autre, le pouvoir n’a ni forme particulière, ni contours précis. Il est le rapport de forces, par nature invisible, ou l’exercice d’une action sur une autre. Le pouvoir incite, induit, rend facile ou difficile, élargit ou limite, rend plus ou moins probable… Il s’exerce en tant que force capable de créer une accélération ou une décélération d’une action ou d’un mouvement.

En ce sens, le concept de pouvoir est très utile pour saisir (et filmer) le mouvement d’une situation. Utile, sans doute, pour comprendre la relation « filmé-filmeur ».

Nous travaillerons avec Omar Amiralay et avec les spectateurs sur la « mise en scénario » du réel et son rapport aux pouvoirs. Nous confronterons témoignages et pratiques à l’aide d’extraits de films qui serviront d’exemples de la diversité des démarches, avec l’aimable participation de Jean-Louis Comolli.

Association des cinéastes documentaristes - Association des cinéastes documentaristes

Rencontre avec Jia Zhangke

Comment l’œuvre de Jia Zhangke nourrit-elle notre réflexion de spectateurs, nos pratiques de cinéastes ?

La rencontre, proposée par Addoc, débutera par la projection du film In Public, réalisé par Jia Zhangke en 2001.

Elle sera précédée par une présentation des bourses aux documentaires de création du Ministère des Affaires étrangères.

« J’essaye de fabriquer quelque chose que je sens mais qu’on ne voit pas » (Jia Zhangke)

La Chine dans un hall de gare. Il faudra attendre le train, puis le bus, puis son trajet dans un paysage soumis au labeur, aux uniformes, aux silences des solitudes. Nous sommes projetés là, dans la même attente et la même solitude que les personnages, quelque part, dans un espace-temps suspendu, entre lumière et pénombre, espérant un jour nouveau.
Ni dialogue, ni commentaire. Un cinéma qui s’étire et tisse des liens entre des êtres plutôt que de s’attacher à un sujet. Aucune trace des recettes éprouvées du documentaire calibré par les télévisions occidentales.

Et pourtant, ou justement à cause de cela, une universalité se dégage d’emblée. Dans le contexte économique et politique singulier de la Chine aujourd’hui, le cinéma de Jia Zhangke nous rappelle à notre humanité. Il nous offre du vide et du plein qui nous concernent et nous laissent libre de construire notre espace de spectateur.

Manières de faire, forme de pensée

Quel regard Jia Zhangke porte-t-il aujourd’hui sur le documentaire ? Qu’est-ce qui l’anime en tant que cinéaste, en tant que spectateur ? Comment son œuvre peut-elle nourrir nos pratiques de cinéastes et notre réflexion de spectateur ?

Entre documentaire et fiction, le cinéma de Jia Zhangke porte un regard neuf, libre et attentif sur le monde. Nous interrogerons les conditions dans lesquelles ses films ont été produits, le poids et le prix de l’indépendance économique, les perspectives.
Nous interrogerons sa manière de relier l’homme et le monde, de mettre en scène l’invisible, le mystère et la complexité des relations humaines. Ce mouvement caractéristique de son travail, qui va du singulier au collectif, nous touche là où nous sommes, parce qu’il va bien au-delà des mots, et qu’il ne cherche pas à montrer ni à démontrer.

« Je me sens calme, libre et sentimental », nous a-t-il dit.

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