Le plan et sa durée, la séquence et son souffle.

Un débat proposé par Addoc

avec Claire Atherton (monteuse), Lav Diaz (membre du jury international Cinéma du Réel 2008), Daniel Deshays (ingénieur du son) et Denis Gheerbrant, autour d’extraits de leurs oeuvres.

Qu’est-ce qui se joue dans la durée d’un plan ? Quels sont les enjeux, les défis esthétiques, éthiques, formels pour le documentariste, le spectateur, le film et son style ?

« Le rythme d’un film ne réside pas dans la succession métrique de petits morceaux collés bout à bout, mais dans la pression du temps qui s’écoule à l’intérieur même des plans. Ma conviction profonde est que l’élément fondateur du cinéma est le rythme, et non le montage comme on a tendance à le croire (…). C’est avant tout à travers ce sens du temps, à travers le rythme, que le réalisateur exprime son individualité » Andréi Tarkovski, Le temps scellé, Ed. Cahiers du cinéma.

Au cœur de tout cinéma, il y a la question de la durée du plan et du rythme du film. Au cœur du cinéma documentaire, celle de l’articulation entre la durée filmée du plan et sa durée mont(r)ée. Comment chacun de nos films est-il travaillé par ces questions ? Comment fabriquons-nous nos propres réponses au fur et à mesure que le film s’élabore ?

Chantal Akerman raconte, à propos de son film Là-bas : « J’avais loué un appartement. J’ai commencé à écrire tout ce qui me passait par la tête et puis soudain j’ai trouvé un plan. J’ai posé ma caméra et voilà, ça a commencé comme ça. Je suis revenue avec des dizaines d’heures de rushes. Je ne savais pas s’il y allait y avoir un film au bout, mais j’ai appelé ma monteuse, Claire Atherton, et je lui ai dit : « Voyons ». Et ça s’est monté comme ça, comme ça s’est tourné. (…). Ça ne s’explique pas, ça ne se dit pas, de voir soudain un plan. Et c’est la même chose au montage : pourquoi choisir celui-ci plutôt que celui-là, pourquoi leur donner telle longueur, ça ne s’explique pas (…). Par exemple, prenez un plan, la longueur d’un plan. On regarde et toutes les deux, on tape sur la table au même moment : on sait en même temps quand il faut s’arrêter. (…) C’est fou ! Car ce n’est pas théorique, on ne fait que le sentir. Il n’y a rien de logique dans la longueur d’un plan ». Chantal Akerman, Là-bas ou ailleurs, Revue Vacarme n°39.

A chaque film et à chaque réalisateur sa manière propre d’être traversé par ces questionnements.

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