Les 10 ans de la Boucle documentaire en Pays de La Loire
Défendre la création face aux coupes budgétaires
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Réunie à Nantes, les 14, 15 et 16 octobre 2025, dans le cadre de son assemblée bi-annuelle, La Boucle documentaire a clôturé trois jours de travail en célébrant ses dix années d’existence, en compagnie de ses partenaires et alliés (SCAM, GARRD, SPI, Scénaristes de Cinéma Associés).Défendre la création face aux coupes budgétaires.
Cette rencontre a été l’occasion de réaffirmer un engagement commun : défendre plus que jamais la diversité et la liberté de la création documentaire.

Céline Dréan (La Boucle – Arbre) , Laurent Cibien (La Boucle – Addoc), Tomasz Namerla (La Boucle – La Plateforme), Maël Mainguy (SPI), Hervé Rony (SCAM), Sébastien Colin (SPI), Sonia Dauger (GARRD), Katell Guillou (SCA), Perle Schmidt-Morand (GARRD), Violette Garcia (SCA) – Au Labo Diva, à Nantes le 16 octobre 2025
Retraçant l’histoire de la fédération, qui regroupe aujourd’hui 16 associations nationales et régionales représentant les documentaristes sur l’ensemble du territoire, Céline Dréan, de l’ARBRE (Bretagne) a insisté sur l’attachement de La Boucle aux politiques de décentralisation et à l’articulation des politiques nationales et régionales. Elle a rappelé qu’en 2016, « La Boucle documentaire revendiquait d’être consultée et invitée partout où se prenaient des décisions qui concernaient les auteurs-autrices et réalisateurs-réalisatrices de documentaires ». « Aujourd’hui, 10 ans après sa naissance, c’est un fait, a-t-elle ajouté, la Boucle documentaire est écoutée, elle participe activement aux négociations qui concernent le secteur, et de cela, on peut se réjouir ».
Revenant sur le contexte en Pays de la Loire, où l’exécutif régional a annoncé il y a un an des coupes budgétaires massives dans le domaine de la culture, elle a noté, « qu’ici, néanmoins, des décisions qui nous concernent ont été prises sans concertation », les qualifiant de « violentes, brutales, et au profit d’idéologies mortifères».
Tomasz Namerla, co-président de La Plateforme, l’association regroupant les professionnel·les de la filière cinéma et audiovisuel de la région Pays de la Loire, a remercié La Boucle documentaire, dont La Plateforme est membre, d’avoir choisi Nantes pour fêter ses 10 ans, parlant d’un « signal politique et d’un symbole fort». En rappelant qu’ils étaient réunis sur l’Île de Nantes, autrefois haut lieu des chantiers navals où l’on construisait de grands bateaux du XXᵉ siècle, il a expliqué « qu’il y a un an, chez nous, en Pays de la Loire, on a un perdu le cap ».
Après avoir vu supprimée la moitié de sa subvention régionale en 2025, La Plateforme ne touchera plus aucune aide de la Région dès 2026, divisant ainsi son budget par 2. « Derrière ces chiffres, il y a des visages humains », a-t-il insisté, citant les nombreux licenciements consécutifs à ces décisions : « ce sont des collègues, croisés à un atelier, sur un tournage, dans un festival, des gens qui font tenir ce monde du documentaire, culturel, associatif, à bout de bras, souvent dans le silence ». Mais « on est au travail, on ne lâche pas. Ils peuvent nous retirer une ligne budgétaire, pas une énergie, pas une communauté, pas un engagement », concluant que la présence à Nantes de La Boucle documentaire et des organisations professionnelles invitées leur donnait la force de continuer « à tenir la barre, malgré la tempête » et à « construire des récits capables d’affronter le réel ».
Sonia Dauger, présidente de la Guilde des auteurs-réalisateurs et des autrices-réalisatrices de reportage et de documentaire (GARRD), s’est dite « consternée par le moment de bascule politique très net que nous sommes en train de vivre et qui se concrétise, entre autre, par la décision de la Région Pays de la Loire de réduire drastiquement les financements culturels » et a rappelé que « la culture est une infrastructure invisible qui tient un pays debout » à travers des professionnel·les « qui créent de la richesse, qui dynamisent des territoires, attirent des talents et des investissements. »
Sebastien Colin, délégué général du Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI) s’est dit « fier d’avoir été convié à ce moment de force collective ». Rappelant la nécessité de « contrer les discours simplistes, souvent démagogiques et terriblement dangereux pour notre démocratie » qu’il voit se développer « aux USA ou dans certains pays voisins, dans certaines de nos régions et malheureusement ici même en Pays de la Loire », il a souhaité une « mobilisation collective » de toute la filière pour défendre la liberté et la diversité de la création, ainsi que l’audiovisuel public. Il a notamment plaidé pour « la défense des filières locales solidaires et robustes » affirmant que « chaque maillon, la création (les auteurs), la production, la diffusion et l’éducation à l’image… est essentiel à la vitalité des autres. »
Hervé Rony, directeur général de la SCAM, l’organisme de gestion collective des droits d’auteurs des documentaristes, et principal soutien de La Boucle documentaire, a conclu ces prises de parole en rappelant que si, par rapport à beaucoup d’autres pays, pour le documentaire, « l’herbe est encore verte en France, elle peut roussir, et ce qui se passe dans cette région le montre ». Pointant les risques d’affaiblissement du service public et d’atteinte à la liberté de création et la liberté d’information, il a estimé que ce qui est la matière du documentaire, le réel, « c’était ce qui était le plus menacé, car c’est ce qui dérange le plus ». Il a enfin salué La Boucle documentaire, qu’il a qualifié de « réussite ».
Lors de ces journées de travail collectif, synonyme de « partage, de plaisir et d’énergie» (Céline Dréan), La Boucle documentaire a accueilli un représentant de la Coupole – l’association des documentaristes de Belgique francophone qui rejoindra prochainement la fédération – ainsi que, pour la première fois, une représentante de l’AUTREAM, association de Martinique.
Les séances de travail ont été consacrées aux champs de réflexion et d’action habituels de La Boucle documentaire ; de la rémunération des réalisateurs et réalisatrices, aux enjeux de l’Intelligence Artificielle, mais surtout à l’élaboration de préconisations concernant les conventions CNC-État-Région qui régissent l’organisation du financement de l’audiovisuel et du cinéma dans les territoires. Une étude de grande ampleur sur le sujet, menée par Aurore Fossard pour la fédération, sera présentée en janvier, à l’occasion du Fipadoc 2026.
