Addoc, la trentaine engagée
Trente ans après sa création, Addoc, l’association des cinéastes documentaristes, réaffirme ses engagements des premiers instants. Jean-Louis Comolli écrivait alors : «Tout de suite, dès le début d’Addoc, est venu le désir d’engager une réflexion commune à partir d’expériences singulières. […] Les manières de faire sont sont toujours des formes de pensée. »
Addoc et ses adhérent·es souhaitent partager avec le public le plus large ces trente années d’expériences, de mobilisations, de pensées et de désirs de films.
Notre programmation témoigne de la place des réalisatrices et des réalisateurs dans le processus de création et célèbre cette forme cinématographique qui nous inscrit dans le monde. Un documentaire de création c’est une écriture et un regard libres.
Les minutes d’Addoc
Addoc a proposé à ses membres de choisir chacun·e une minute de leurs propres films. Cette mosaïque d’extraits explore la diversité des manières de faire et des sujets abordéspar les cinéastes.
Chaque séance de projection des 30 ans d’Addoc sera précédée d’une courte séquence de minutes montées pour l’occasion.
L’ensemble de ces minutes sera visible sous forme d’installation lors de la séance du 29 septembre au Luminor.
Du 23 au 25 septembre 2022 à La cinémathèque du documentaire et le 29 septembre au LUMINOR Hôtel de Ville, Addoc propose des projections suivies de débats
L’Énergie positive des dieux, de Laetitia Møller – 2021, 1h10min
Vendredi 23 septembre à 20h
Cinémathèque du documentaire – Centre Pompidou Cinéma 1
Séance d’ouverture gratuite
Film issu de l’atelier Partage d’écritures
Leur musique est une déferlante de rock électrique. Leurs textes assènent une poésie sauvage. Accompagnés de quatre musiciens, Stanislas, Yohann, Aurélien et Kevin sont les chanteurs du groupe Astéréotypie. Issus d’un institut médico-éducatif accueillant de jeunes autistes, ils dévoilent sur scène leurs univers détonants, encouragés par Christophe, un éducateur plus passionné d’art brut que de techniques éducatives. Leur aventure collective est un cri de liberté.
Explorer l’écriture au sein de l’atelier Partage d’écritures, ses difficultés, ses différentes formes, c’est insister sur l’importance de l’échange et du dialogue dans cette étape de réalisation d’un film.
Il s’agit dans cette interaction de sortir de l’isolement et de compléter un éventuel apprentissage. Mais aussi de développer sa vision de cinéaste dans l’écriture, de comprendre comment se traduisent les différentes formes d’expression, à quel moment de la conception du film elles surgissent et pourquoi.
Le débat sera diffusé en direct par la plateforme de salles virtuelles Cuult’ – La 25e heure.
En présence de la réalisatrice, de Juliette Warlop, scénariste et de membres de l’atelier Partage d’écritures.
Bakhta et ses filles, de Alima Arouali – 2013, 54 mn
Samedi 24 septembre à 17h
Cinémathèque du documentaire – Centre Pompidou – Cinéma 2
Femmes dans le cinéma documentaires : on est là !
Cinq sœurs : Aïcha, Malika, Rachida, Horia et moi Alima. Nous avons entre 50 et 60 ans.
Nous sommes les filles de Bakhta et Abdenbi, qui ont quitté l’Algérie pour la France en 1948.
Mes sœurs me racontent comment elles ont résisté, chacune à sa manière, au père, aux maris, à la religion, aux préjugés, afin d’être des femmes libres.
À la création de l’association Addoc les hommes étaient très présents. Aujourd’hui les femmes sont clairement plus nombreuses. C’est le même phénomène pour beaucoup d’associations dans de nombreux métiers et secteurs. Souvent, là où les budgets se réduisent, les femmes succèdent aux hommes…
Des questions surgissent : Quelle est la place des femmes dans le documentaire, devant et derrière la caméra ? En quoi l’image de « la femme » dans le documentaire interagit avec sa place dans le monde ?
En présence de la réalisatrice, d’une cheffe opératrice du Collectif « Femmes à la caméra » et de réalisatrices membres d’Addoc.
Athenian material, de Laure Vermeersch – 2021, 1h28min
Samedi 24 septembre à 20h
Cinémathèque du documentaire – Centre Pompidou – Cinéma 2
Premier film issu des Pitchs d’Addoc
À Athènes, en pleine crise grecque, Thomas, écologiste, Kadir, chiffonnier, Athanasia ferrailleuse tzigane et Yannis, chauffeur de benne à ordures, nous entraînent dans un autre monde : celui des déchets qui prolifèrent au rythme de notre surconsommation. Avec eux, le film, à la fois réaliste et poétique, nous plonge dans un enfer contemporain qui rappelle l’antique royaume d’Hadès, lieu des invisibles où la matière brûle sans fin. Paradoxalement, loin de céder à la tragédie, leurs récits pointent un monde nouveau qui reste à inventer.
Un monde singulier est-il exploitable ? Comment les mondes des personnes filmées nourrissent-ils l’univers singulier du film ? Qui exploite quoi et quand le film devient-il exploitable ?
Projection en avant-première.
En présence de la réalisatrice, de Camille Laemlé, productrice (Les films d’Ici) et de Lucie Viver et Marion Stalens, lauréates des Pitchs d’Addoc.
Faire kiffer les anges, de Jean-Pierre Thorn – 1996, 1h28min
Dimanche 25 septembre à 17h
Cinémathèque du documentaire – Centre Pompidou – Cinéma 2
Le docu, c’est politique !
Du Bronx aux Minguettes, dans les souterrains des villes et leurs
banlieues, s’est imposé un mouvement artistique rebelle, le « Mouv’ Hip Hop » qui, à travers « graffs », « rap » et danse permet à toute une jeunesse exclue de dire : « J’existe ! » Qui sont les danseurs de ce « mouv » ? Leurs parcours, leurs rages, leurs rêves, leurs espoirs ? Qu’est-ce qui fait que toute une génération – qui se vit comme « grillée » – se reconnaît dans l’énergie particulière de cette culture ?
Jean-Pierre Thorn est un membre de la première heure de l’association.
Depuis son premier film Osez lutter, osez vaincre, tous ses films incarnent une image de la révolte.
Du monde ouvrier et des usines, aux banlieues françaises et aux
nouvelles formes de lutte, il s’intéresse à celles et ceux dont le désir est de changer le monde. Faire kiffer les anges est le premier voletd’une exploration du mouvement Hip Hop.
Ses films ont en commun ce temps de la réflexion, de la compréhension, nécessaire à leur fabrication.
En présence du réalisateur et de membres d’Addoc.
Vedette, de Claudine Bories et Patrice Chagnard – 2022, 1h40mn
Jeudi 29 septembre à 19h30
Cinéma LUMINOR – Hôtel de ville
Séance des Samedis d’Addoc
Vedette est une vache. Vedette est une reine. Elle a été la reine des reines à l’alpage. Mais Vedette a vieilli. Pour lui éviter l’humiliation d’être détrônée par de jeunes rivales, nos voisines nous la laissent tout un été. C’est là que nous avons découvert que toute vache est unique.
Patrice Chagnard et Claudine Bories se sont rencontrés à Addoc au début des années 1990. Ils vont travailler ensemble sur leurs films respectifs, avant de tendre naturellement vers la coréalisation d’une œuvre commune.
Dans Vedette, c’est à partir du peuple animal que Claudine Bories et Patrice Chagnard ont choisi de questionner l’état du monde.
Dans les Alpes suisses où ils ont leur maison, au fil des saisons, ils portent leur regard sur le rapport entre l’homme et l’animal en suivant Vedette, la vache reine de la ferme voisine.
Ce récit d’apprivoisement, dans sa forme, s’éloigne du cinéma direct pour atteindre une forme d’autofiction.
En présence de la réalisatrice, du réalisateur et de membres des Samedis d’Addoc.