Comment l’œuvre de Jia Zhangke nourrit-elle notre réflexion de spectateurs, nos pratiques de cinéastes ?
La rencontre, proposée par Addoc, débutera par la projection du film In Public, réalisé par Jia Zhangke en 2001.
Elle sera précédée par une présentation des bourses aux documentaires de création du Ministère des Affaires étrangères.
« J’essaye de fabriquer quelque chose que je sens mais qu’on ne voit pas » (Jia Zhangke)
La Chine dans un hall de gare. Il faudra attendre le train, puis le bus, puis son trajet dans un paysage soumis au labeur, aux uniformes, aux silences des solitudes. Nous sommes projetés là, dans la même attente et la même solitude que les personnages, quelque part, dans un espace-temps suspendu, entre lumière et pénombre, espérant un jour nouveau.
Ni dialogue, ni commentaire. Un cinéma qui s’étire et tisse des liens entre des êtres plutôt que de s’attacher à un sujet. Aucune trace des recettes éprouvées du documentaire calibré par les télévisions occidentales.
Et pourtant, ou justement à cause de cela, une universalité se dégage d’emblée. Dans le contexte économique et politique singulier de la Chine aujourd’hui, le cinéma de Jia Zhangke nous rappelle à notre humanité. Il nous offre du vide et du plein qui nous concernent et nous laissent libre de construire notre espace de spectateur.
Manières de faire, forme de pensée…
Quel regard Jia Zhangke porte-t-il aujourd’hui sur le documentaire ? Qu’est-ce qui l’anime en tant que cinéaste, en tant que spectateur ? Comment son œuvre peut-elle nourrir nos pratiques de cinéastes et notre réflexion de spectateur ?
Entre documentaire et fiction, le cinéma de Jia Zhangke porte un regard neuf, libre et attentif sur le monde. Nous interrogerons les conditions dans lesquelles ses films ont été produits, le poids et le prix de l’indépendance économique, les perspectives.
Nous interrogerons sa manière de relier l’homme et le monde, de mettre en scène l’invisible, le mystère et la complexité des relations humaines. Ce mouvement caractéristique de son travail, qui va du singulier au collectif, nous touche là où nous sommes, parce qu’il va bien au-delà des mots, et qu’il ne cherche pas à montrer ni à démontrer.
« Je me sens calme, libre et sentimental », nous a-t-il dit.